Entretien avec Wilgeforte, Ambassadrice Apostolique en LD

Guihèn pénétra le bureau après avoir frappé. Il était suivi de l'ambassadrice. Vraisemblablement, l'archevêque n'était point dans la pièce, le garde proposa donc à l'ambassadrice d'attendre un instant.

Excellence, je vais chercher Monseigneur. Joignant le geste à la parole, le garde ouvrit une porte qui reliait le bureau aux appartements privés de l'archevêque et s'y engouffra.

Nufilen était en train de rédiger une missive pour le marquisat quand Guihèn l'informa qu'on l'attendait, il se leva donc et coiffa sa barrette, il précéda l'homme vers son bureau ou l'attendait une pâle jeune femme, des papiers étaient posées sur son bureau, il chaussa ses lunettes et s'assit, faisant signe à la dame de faire pareil. Il remercia chaleureusement Guihèn et lu.

Bonjour...

Il parcourut les lettres

Dame Torretta-Granitola, enchanté de vous rencontrer, vous vouliez me voir ? Que puis je pour vous ma fille ?

Il reposa les papiers à plat sur son bureau, enleva ses lunettes, posa ses deux coudes sur le bureau et joignit les mains.

Wilgeforte avait suivit Guilhèn et, comme ce dernier lui avait enjoint de patienter, avait pris la liberté de s’asseoir sur un siège. Mais l’attente fut moins longue que prévu, et la jeune femme se leva d’un bond quand Nufilen entra dans le pièce.
Elle s’avança vers lui et s’agenouilla respectueusement, baisant son rubis archiépiscopal.

Monseigneur…

Elle s’assit sur la siège désigné et tendit ses lettres de créance à l’archevêque. Elle répondit ensuite à sa question :

Merci de me recevoir, monseigneur. Je ne suis pas ici dans un but particulier, je désirais simplement effectuer une prise de contact avec tous les prélats du Lyonnais et du Dauphiné. J’ai diverses question d’ordre général à vous poser, mais j’aurais tout d’abord voulu savoir s’il y avait des sujets qu’il vous tenait particulièrement à cœur d’évoquer avec moi.

Wilgeforte eut une moue charmante.

J'ai entrepris une démarche similaire à celle-ci à la province de Lyon où l'on m'a répondu que son Éminence était actuellement absente. C'est tout ce que je puis vous dire à ce sujet : on ne m'a pas donné les raisons de son absence.
Prions pour que ce ne soit rien de grave.

Elle inclina légèrement le buste et demanda à Nufilen :

Saviez-vous qu'un nouveau concordat était en cours de négociations entre l'Église et le Dauphiné ?

Concernant Son Eminence la Princesse de Cologne, elle est peut-être occupée à préparer la guerre contre la Provence, vu les échos diplomatiques que l'on reçoit en ce moment...

Le curé, qui voulait entrer discrètement pour porter copie d'une note à l'archevêque, n'avait, une fois de plus, pas pu retenir sa langue! Maudissant sa verve, il se sentit comme un cheveu sur la soupe, honteux, malpoli, déplacé.Mille excuses, bredouilla-t-il, Excusez moi, pardonnez mon outrecuidance, mais j'ai là une copie d'une déclaration qui se doit d'être connue de vous, Monseigneur.
Il posa le feuillet sur le bureau, qui naturellement glissa jusqu'au sol, voulu sortir précipitament, s'emberlificota dans sa robe, tomba, et sortit à quatre pattes du bureau où il n'aurait sans doute jamais dû entrer.

Citation :

A tous ceux qui la présente déclaration liront ou se feront lire,
Salut.


Le resplendissant Duché de Bourgogne ne reconnaissant pas la pitoyable bouffonnerie dénommée " Marquisat des Alpes Occidentales ",

Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, XXIIIè Duchesse de Bourgogne, sous le regard du Très-Haut et de Saint Bynarr :



Faisons savoir que le démenti rédigé, signé et scellé par la pécore usurpatrice Hersende de Brotel n'a ni valeur, ni sens, ni portée à nos yeux;

Indiquons en revanche prendre en considération la déclaration de guerre faite à la Bourgogne, car rédigée, signée et scellée par le Régent et non Comte de Provence Max1664 et ce, jusqu'à démenti valable et légal;

Regrettons que des considérations personnelles à notre encontre conduisent à venir menacer un duché innocent et paisible;

Informons que les provinces impériales amies de la Bourgogne seront dûment prévenues de cette énième incartade provençale;

Et afin que nul ne puisse contredire cette déclaration, y apposons nos sceau et signature.



Rédigé au milieu de Bourguignons irrités, le début du mois de novembre de l'an de grâce MCLDVII.

Wilgeforte, plus qu’interloquée par la scène qui s’était déroulée sous ses yeux, se raccrochait à Nufilen comme un alpiniste ayant chu à un rocher à portée de main. Elle était persuadée que l’archevêque allait user de son autorité pour qu’une telle chose ne se reproduise plus.
Mais contre toute attente, le prélat accorda du crédit aux dires de l’intrus et ne le réprimanda nullement. Wilgeforte s’étonna de ne pas le voir le raccompagner gentiment et lui faire l’accolade.

Néanmoins, elle s’adressait à un fort haut prélat et choisit donc ses mots avec soin. Faire passer son message avec fermeté mais toujours avec déférence, tel était son objectif.

Pardonnez-moi, monseigneur, mais je pensais que nous parlions ici à huis clos… Je me suis bien gardée d’intervenir, pensant que vous feriez tout pour élucider à quel titre cet homme que je ne connais pas, qui ne s’est même pas présenté, écoutait à notre porte et a interrompu notre entretien…
Peut-être y a-t-il certaines coutumes provençales dont je n’ai pas été avertie ? Peut-être que, chez vous, faire la chandelle est une marque d’intérêt pour deux personnes dialoguant ?

Wilgeforte se pencha vers le prélat afin de ne pas perdre une miette de sa réaction.

Wilgeforte laissa l’archevêque faire. Il semblait qu’une des deux personnes présentes avait mal compris.
Songeuse, elle répondit à Nufilen :

Monseigneur, ne voyez aucune animosité en mes propos. Par ailleurs, la teneur de mon discours ne réclame pas le plus grand des secrets.
J’aurais trouvé tout à fait normal qu’un clerc de votre province entre pour vous remettre un pli de première urgence : il va de soi qu’il faut parer au plus pressant. Mais là où quelque chose me pose un problème, c’est que cet homme entrait pour répondre à un de mes propos ; ce qui prouve qu’il écoutait aux portes. C’est cette attitude qui m’a choquée, et elle me choque d’autant plus qu’elle est celle de quelqu’un que vous me présentez comme un prêtre.

Mais une nouvelle fois, je ne suis personne pour juger des us et coutumes du Marquisat.

Elle fit semblant de relire un parchemin couvert de diverses notes, pour se donner une contenance, et reprit :

Je pense que j’en étais à vous demander si vous saviez qu’un nouveau concordat était en cours de négociation.

Wilgeforte, pensive, hocha la tête.

Oui, je me doute que votre position à cheval entre le Royaume et l’Empire doit être délicate, mais il ne faut pas oublier que votre seule paroisse se situe dans la province temporelle dont j’ai la charge pour la nonciature.

Elle prit quelques notes sur son carnet puis inclina légèrement le buste vers l’avant.

Je suis précisément ici pour vous faire un résumé de la situation.

Compte tenu du casse-tête géodogmatique que représente le Dauphiné, il serait impensable que chacun des prélats de cette province temporelle participent activement aux négociations. C’est pour cela que j’ai été nommée : coordonner les négociations entre vous et le duché.
Je suis actuellement en pleines discussions avec son Éminence Jehan Meleagant afin de voir comment rouvrir les négociations ; je ne manquerai pas de vous tenir au courant de nos conclusions.

Avez-vous des questions au sujet du concordat ?